En ville, certaines contraintes techniques et esthétiques conduisent les gestionnaires à inhiber la biodiversité spontanée ou à réguler la biodiversité implantée. Elle est pourtant bénéfique et très utile dans les cas qui ont déjà été cités dans ce guide (Biodiversité et bâti, une alliance d'avenir).
Comme expliqué dans la rubrique « Concepts et connaissances essentiels », la dynamique végétale engendre des successions de communautés vivantes et de biotopes. On voit trop souvent une lutte acharnée contre les plantes annuelles à grand coups d’herbicides. Pourtant, en laissant la dynamique végétale agir, le milieu évolue la plupart du temps vers une prairie d’herbacées qui le restera si elle est fauchée une à deux fois par an.
Inutile de dépenser de l’énergie, du temps et de l’argent pour lutter contre la dynamique naturelle. La prairie qui s’installera ne sera pas un gazon homogène mais une prairie diversifiée qui verra peut-être s’installer des plantes spontanées décoratives, favorables à la diversité animale, à valeur patrimoniale et adaptées aux conditions (= moins d’entretien, pas d’irrigation).
Il en va de même pour l’installation d’arbustes ou de plantes couvre-sol sur les talus. L’utilisation de bâche et autres géotextiles ne doit être mise en place qu’en dernier recours. Les arbustes finiront forcément par prendre le dessus sur les herbes folles en deux ou trois ans selon la densité de plantation et vous économiserez beaucoup d’argent pour un résultat identique et bien meilleur pour l’environnement (pas de résidus de plastiques !) Les plantes couvre-sol sont à prendre au cas pas cas mais la plupart sont très concurrentielles, à l’exemple du lierre qui colonisera rapidement l’espace et étouffera les autres plantes sans l’aide d’une bâche.
Les mauvaises herbes ne sont « mauvaises » que parce que l’homme les a désignées ainsi. En effet, ce sont des plantes comme les autres pour le biologiste ou l’écologue. Ce sont des plantes non désirées par l’homme mais elles ont toutes une fonction écologique et ne sont pas « mauvaises » pour autant dans toutes les situations.
Si quelqu’un avait un jour trouvé le pissenlit esthétique et avait lancé la mode en le vendant en pot dans les jardineries, alors celui-ci ne serait peut-être pas considéré comme une mauvaise herbe !
Voici quelques exemples de plantes injustement éloignées de nos plates-bandes :
- Les orties ont de multiples intérêts
- Ils sont une excellente clôture défensive
- Les jeunes feuilles peuvent être mangées en soupe à condition de les récolter avec des gants bien sur. Ils perdent leur pouvoir urticant à la cuisson !
- Les orties sont très utilisées par les jardiniers et maraîchers biologiques : en purin ou en décoction, ils ont des propriétés antifongiques et fertilisantes (stimulent la croissance grâce à leur forte teneur en azote)
- Ils sont indispensables à de nombreux insectes (photo ci-contre)
La consoude, jolie plante répandue dans notre région éloigne les insectes et constitue un excellent fertilisant en purin ou décoction.
Petite mise au point sur les chardons : le chardon des champs, Cirsium arvense lorsqu’il s’installe devient vite envahissant. Dans notre région, son contrôle est une obligation règlementaire : il ne faut surtout pas le laisser monter en graine car il se propage très vite. Par contre, ses proches ou lointains cousins cirses, panicauts, cardères et autres :
La chenille du paon du jour Inachis io se nourrit exclusivement d’orties.(Jörg Hempel et Quartlt) - Comptent quelques espèces protégées et très rares qui pourraient être malencontreusement détruites si elles sont confondues avec l’espèce « gênante »
- Ont un réel intérêt ornemental grâce à leurs fleurs généralement violettes
- Sont indispensables pour bon nombre de petites bêtes sympathiques. Les fleurs de chardon sont très mellifères donc attirent et nourrissent de nombreux papillons, insectes pollinisateurs et oiseaux. La chenille du papillon « vanesse du chardon », ou Belle-Dame par exemple ne se nourrit que du chardon. Le chardonneret (petit oiseau) se nourrit des graines.
- Ont des vertus médicinales
Parmi les vrais gêneurs – un peu moins envahissants que le chardon des champs –, vous pouvez également avoir affaire au cirse commun ou lancéolé (Cirsium vulgare), qui préfère les terrains calcaires, ou au chardon à tête dense (Carduus pycnocephalus), en zone méditerranéenne.
Petite astuce pour se débarrasser des chardons : Ne les coupez pas au printemps alors que son pouvoir de dissémination est nul. Cette taille ne ferait que renforcer sa racine. Laissez les monter en fleur (ils profiteront à bon nombre d’insectes pollinisateurs) et coupez les au pied avant la production de graines, juste avant une forte pluie qui favorisera le pourrissement de ses racines puissantes.
La prêle est une plante sauvage dont la décoction renforce les défenses des plantes et le purin s'avère être un excellent fongicide naturel contre les maladies cryptogamiques telles que mildiou, rouille, cloque, moniliose, tavelure...
Une leçon qui nous aidera peut-être à mettre de côté nos préjugés et à apprendre à laisser la nature spontanée entrer dans nos jardins !
Au même titre que la notion de « mauvaise herbe » est une notion inventée par l’homme, la peur des insectes est un fait psychologique souvent injustifié. Certaines espèces d’insectes piqueurs ou vecteurs de maladies ont fait la mauvaise réputation de l’ensemble du groupe, alors que seules quelques exceptions sont réellement nocives pour l’homme.
Pourquoi la coccinelle a été épargnée de cette croyance générale sur les insectes ?
Les coccinelles par exemple seraient aujourd’hui appréciées et acceptées grâce à une légende datant du moyen-âge. On raconte qu’un condamné avait sa tête sur le billot lorsqu’une coccinelle se posa sur son cou. Le roi crut à un signe divin et gracia le pauvre homme. D’où l’expression que l’on entend souvent « la bête à Bon Dieu ». Les coccinelles ne sont pourtant pas les seules à être inoffensives et bénéfiques pour les cultures (elles mangent les larves de .Chez les araignées par exemple, seuls 8 à 10 espèces sont réellement dangereuses pour l’homme dans le monde et une seule fréquente le territoire français (région méditerranéenne). Les araignées de nos maisons sont inoffensives et se nourrissent d'insectes volants et rampants : elles attendent patiemment les mouches, les moustiques et autres blattes. Elles travaillent pour nous sans contrepartie. Elles nourrissent certains oiseaux, et ont donc leur place dans la chaîne alimentaire. Notez au passage que les araignées ne sont pas des insectes mais des arachnides ! Elles ont 8 pattes au lieu de 6 et leurs yeux simples (ocelles) n’ont pas de facettes contrairement aux insectes.
Les chauves-souris ne sont pas des oiseaux mais des mammifères, comme nous. Elles sont insectivores. Seules quelques espèces non présentes sur le sol français se nourrissent du sang du bétail et représentent un éventuel danger pour l’homme. Le Nord-Pas-de-Calais accueille 22 des 34 espèces de chauves-souris présentes sur le territoire français. Tout comme les oiseaux insectivores, ce sont des alliés sans pareils pour réduire les populations d’insectes nuisibles. Cela a été prouvé à l’Université de Floride (Gaines ville) ou l’installation d’une « Bat House » colonisée par 70 000 chiroptères a réussi à contrôler l’invasion d’insectes nuisibles en quelques années. Un Murin de Daubenton à lui seul peut avaler 60 000 moustiques en un été !
L’éclairage nocturne désoriente les insectes, les mammifères, amphibiens et oiseaux en jouant un rôle attractif ou répulsif.
- QUELQUES EXEMPLES
- Les oiseaux migrateurs qui s’orientent en partie grâce aux étoiles sont induits en erreurs et s’épuisent pour retrouver leur chemin. Si le temps est mauvais, les brumes et brouillards reflètent les lumières, créant ainsi des halos favorisant les collisions des oiseaux avec les bâtiments.
- La lumière est un handicap pour les chasseurs nocturnes. Les amphibiens ne parviennent plus à distinguer leurs proies et pour cette raison, les chauves-souris craignent la lumière autant que nous craignons l’obscurité.
- Le 11 septembre, à New York, deux colonnes de lumière sont diffusées du sol vers le ciel, en commémoration des tours jumelles. 10 000 oiseaux migrateurs ont tourné autour des colonnes de lumière jusqu’à mourir d’épuisement.
- Les oiseaux diurnes urbains comme le Merle ou le Troglodytes mignon se mettent à chanter en plein nuit et s’épuisent.
- Les éclairages nocturnes constituent un véritable puits écologique et engendrent une disparition en cascade des espèces de la chaine alimentaire : Attirés par la lumière, les insectes se regroupent et finissent grillés par la chaleur dégagée ou dévorés massivement par les prédateurs nocturnes. Sur l’instant, ils profitent du garde-manger et leur population se développe. Au fil des ans, la diminution de la diversité et de la quantité d’insectes fini par mettre les prédateurs en danger à leur tour.
Pour savoir comment remédier aux impacts de l’éclairage nocturne, consulter la fiche «Eclairage urbain responsable».