Quelques principes de base sont à retenir pour participer à la préservation de la biodiversité dans votre quartier, dans votre ville :
- Objectif « zéro phyto » : réduire au maximum voire bannir l’utilisation des herbicides, fongicides et insecticides à l’aide de techniques alternatives
- Apprendre à travailler avec et pas contre la nature, observer les évolutions saisonnières et les évolutions sur plusieurs années
- Proposer de mettre en place des aménagements proches de la nature avec des prairies fleuries, des haies, des biotopes humides, de petites structures diversifiant le milieu (tas de bois, pierriers, mur de pierre sèches), des plantes indigènes (voir ci-après et voir nos fiches pratiques)…
- Choisir méticuleusement les plantes semées ou plantées. Favoriser les écotypes locaux, les plantes indigènes, les plantes de collection en vous renseignant auprès des conservatoires (pour les vergers par exemple…)
Gestion différenciée : principes de base
QU'EST CE QUE C'EST ?
« La Gestion Différenciée fait évoluer le modèle horticole standard en intégrant à la gestion des espaces verts un souci écologique. Elle permet de gérer au mieux le patrimoine vert d’une ville avec des objectifs précis et en tenant compte des moyens humains. Elle crée de nouveaux types d’espaces plus libres correspondant à une utilisation contemporaine aux fonctions plus variées".
Concrètement, la gestion différenciée amène le gestionnaire à établir une typologie des espaces qu’il gère en fonction de leurs usages pour établir un équilibre entre l’accueil du public et ses attentes, le développement de la biodiversité et la protection des ressources naturelles.
La différenciation des espaces varie de la gestion horticole très soignée pour les espaces dits de prestiges ou les espaces sont plantés d’annuelles, irrigués, fertilisés et/ou entretenus quotidiennement à la gestion extensive qui laisse la diversité spontanée s’exprimer et respecte les rythmes biologiques saisonniers. Le jardinier devient plus un observateur qui interviendra au moment et à l’endroit nécessaire au lieu d’appliquer un planning d’interventions prédéfini.
La gestion différenciée ne coûte ni plus, ni moins cher mais nécessite une sensibilisation et une compréhension des usagers. En effet, les espaces gérés de manière extensive peuvent paraître négligés car notre regard a été habitué depuis plus de 50 ans à percevoir comme « beau » les pelouses rases, monospécifiques et pourtant très pauvres en biodiversité.
ET CONCRÈTEMENT
Voici quelques pratiques courantes en gestion différenciée :
Il s’agit de planter les massifs de
vivaces ou d’annuelles mellifères, c'est-à-dire produisant du nectar. Le massif devient alors une source de nourriture pour les insectes pollinisateurs comme les abeilles et les auxiliaires des cultures.
Ci-contre : prairie fleurie d’annuelles à Loos (Bourel).
La fauche tardive appliquée aux prairies des espaces verts, aux bords de routes et autres espaces enherbés consiste à faucher la végétation une à deux fois par ans le plus tardivement possible (généralement Octobre). D’une part cette pratique diversifie le peuplement végétal et laisse le temps aux plantes de fleurir et donc de fabriquer les graines pour se reproduire ; d’autre part elle crée des espaces de végétation haute qui attirent une grande diversité faunistique, bien plus importante que les pelouses rases.
Ci-contre : La fauche tardive des berges de la Deûle (Julve).
Les massifs d’annuelles comme les bégonias ou les œillets d’Inde sont très couteux à l’installation et à l’entretien. Les vivaces au contraire s’installent pour plusieurs années, nécessitent donc moins de travail d’entretien et moins de soins puisque leurs racines ont le temps de s’implanter solidement dans le sol pour fournir eau et nutriments.
Ci-contre : Jardinières plantées d’annuelles à l’Université Catholique de Lille (Kindt).
Le sol nu n’existe pas dans la nature, et les pieds d’arbres et le sol des massifs font souvent l’objet de colonisations spontanées par des plantes non désirées. Le paillage consiste à couvrir le sol par une matière qui empêchera leur développement. Il peut s’agir de paille, de billes d’argile, de copeaux d’écorce de bois, de fibres de coco, de fibres de lin… Les possibilités sont infinies et ont chacune leur esthétique. Cette technique permet de se passer des herbicides aux pieds des arbres et dans les massifs fleuris.
Ci-contre : paillage de paille et d’écorces de bois au jardin d’arboriculture fruitière de la Ville de Lille (Julve).
L’objectif et les bénéfices sont le même que pour le mulchage. Les plantes couvre-sol comme la pervenche ou le lierre, ont un développement horizontal et un taux de couverture qui empêche le développement des plantes non désirées en dessous. Elles ont l’avantage pour la plupart d’être très décoratives.
Ci-contre : plantes couvre-sol au pied d’un mur de pont pour faciliter le travail de la tondeuse (Kindt).
Dans certains parcs, les grands espaces de prairie sont lourds à entretenir. Une solution consiste à mettre en place un pâturage par des moutons, de petits chevaux ou de petits bovins. La Ville de Lille a par exemple mis ce système en place du côté intérieur de la cunette de la Citadelle Vauban en partenariat avec un éleveur.
Ci-contre : pâturage d’un espace enherbé de l’Université de Lausanne (Bourel).
Les feuilles mortes, les déchets verts de tonte, de fauche, et de taille peuvent participer au développement de la faune des sites. En les valorisant sur place par le compostage ou l’épandage en tant que mulch, on permet le développement des décomposeurs, groupe d’espèce essentiel aux équilibres biologiques des écosystèmes. Le compost ainsi créé peut par ailleurs servir pour fertiliser les espaces qui en ont besoin (massifs par exemple).
Les bois mort joue également ce rôle primordial, d’où la présence de tronc en décomposition au sol et de chronoxyles (arbres morts chandelle sectionnés à 8-10m de hauteur et laissés sur pied) dans les parcs forestiers bien gérés.
Ci-contre : chronoxyle en décomposition aménagé pour l’accueil de petits mammifères (hérissons…) (Julve).
Pour plus d’information sur ces techniques, consulter l’espace ressource de www.gestiondifferenciee.org